J’ai traîné pour terminer ce livre, mauvais signe… J’ai eu du mal à accrocher au personnage et à son histoire. La fin rattrape un peu, au prix d’un beau cliché.
Fils d’ouvriers, le narrateur a essayé de faire autre chose que son père mais a rejoint l’Usine. A 45 ans, il vient d’être largué par son amie alors que l’usine met ses employés en vacances forcées, autant dire qu’il est un peu rageur. De toute façon il semble l’avoir toujours été, solitaire, jamais satisfait de son sort, à côté de la plaque et incapable d’exprimer ses sentiments. Plutôt que de s’impliquer dans la vie syndicale, il préfère la confrontation et prône la révolution.
Son usine dépend d’un groupe brésilien et va être victime d’une restructuration/délocalisation. Il part voir sur place ce qu’il en est et emmène un ami tout aussi anar. Sur place, il se fait passer pour un écrivain qui s’apprête à écrire sur le créateur de l’usine, un français émigré au Brésil au XVIIIe.
Il découvre que sa vision de l’entreprise n’est pas partagée par les ouvriers sur place, mais cette histoire perd de l’importance car il rencontre l’Amour qui va donner un but à sa vie, le calmer et lui donner la force créatrice. Ah, l’Amour qui sauve le monde, l’Amour transcendant et rédempteur… c’est beau comme au catéchisme !
C’est sans doute mon coté fleur bleue, mais je me quand même suis senti plus à l’aise avec la seconde partie, plus apaisée, plus positive. Toutefois, le roman de la révolte ouvrière pourrait être un très beau thème de roman, il ne s’agit ici que d’une révolte inaboutie et égoïste.
Même si je ne suis pas fan de ce roman, j’en ai bien aimé le style. Il y a un certain lyrisme, un beau rythme de phrase qui rend la lecture très plaisante.
Jeanne Benameur – Les insurrections singulières – Actes Sud 2011