Le sermon sur la chute de Rome

Ce livre faisait partie des rares titres de cette rentrée littéraire que j’avais envie de lire, l’attribution du prix Goncourt l’a fait remonter en tête des livres en attente !

Ce roman m’a plu mais ne m’a pas enthousiasmé. Le style est riche, mais trop de fioritures nuisent à sa fluidité ; l’histoire n’est pas mal menée mais y mêler Saint-Augustin épaissit inutilement le trait.

Jérôme Ferrari dresse le portrait de deux personnages principaux, de leurs parcours qui s’entrecroisent et se ressemblent furieusement : Marcel Antonetti et son petit-fils Matthieu. Marcel est né après la guerre de 14, il quitte sa fratrie et la Corse et y revient à la retraite, isolé et seul avec ses souvenirs.
Matthieu est un enfant gâté qui s’ennuie dans sa vie. Il abandonne ses études pour reprendre le bar du village familial avec son copain Libero. Bien que située dans la montagne, leur petite affaire va pas mal tourner, ils embauchent des serveuses, créent des animations avec un musicien local et le bar devient le lieu de rendez-vous aussi bien des touristes que des locaux. Matthieu se plait dans cette vie simple, il drague les serveuses, se laisse porter et il est surpris que Libero veuille arrêter parce qu’il trouve leur vie sans intérêt et abêtissante. Tous les éléments d’une tragédie se mettent en place et, tout d’un coup, le drame explose.

Matthieu et Marcel partagent un vide existentiel et assistent assez passifs à la destruction de leur environnement. Matthieu « croit qu’il suffit de détourner le regard renvoyer au néant des pans entiers de sa propre vie. Il croit toujours que ce que l’on ne voit pas cesse d’exister. » Et pourtant, un des paradoxes de ce roman est d’être plein de vie ! La vie de ce village corse, les déboires de gérance du bar, les relations familiales, les nombreux personnages bien campés sont tous très vivants, réels et nous sont vite familiers.

Jérôme Ferrari – Le sermon sur la chute de Rome – Actes Sud 2012


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