Le choeur des femmes

Jean Atwood est interne en dernière année, major de sa promotion, ne pense que par la chirurgie, rêve de prendre la tête d’un service, une vrai bête de concours carrieriste.
Pour valider son cursus, notre héros va devoir passer 6 mois dans le service de Médecine de la Femme du Dr Franz Karma. Evidemment, Atwood y va a reculons et va être confronté à Karma qui est l’antithèse de tout ce qui a lui été enseigné.

Ce livre est tout à la fois un réquisitoire sur l’enseignement de la médecine, très hospitalier et technique, et une ode d’une médecine générale centrée sur le patient. On y retrouve certains thèmes abordés dans La Maladie de Sachs, du même auteur.

Je me suis fait avoir sur les 40 premières pages : le personnage de Jean est très macho, presque misogyne, et j’ai cru que c’était un homme, mais non, c’est juste un clin d’oeuil de l’auteur : Jean se prononce à l’anglaise, Djinn ! Ce gros roman se lit d’une traite, les chapitres peuvent être racontés par l’un ou l’autre des personnages, voire reracontés par un autre, ce qui donne un relief et une variété dans le récit.

Le soignant, c’est celui à qui le patient prend la main

C’est un livre assez bouleversant car il évoque le quotidien de femmes, leurs peurs et leurs souffrances. Autant Karma est dans l’empathie, Atwood est dans l’opposition mais, petit à petit, ces plaintes résonnent en elle. Même si elle n’était pas prête à cette rencontre avec une conception de la médecine complètement différente, elle est pleine de colère contre le système et les idées de Karma ne la choquent pas tant que cela.

Les médecins qui veulent le pouvoir font tout pour l’obtenir. Ceux qui veulent soigner font tout pour s’en éloigner.

En fait, petit à petit, on va découvrir les motivations de Jean, son histoire, ses révoltes contre le machisme au cours des études ou des stages et ses félures. Elle va se transformer tout au long du livre, se sentir bien dans cette unité de soins et remettre beaucoup de choses en question dans sa vie.

J’ai trouvé ce livre passionnant, le récit y est habilement mené et les histoires racontés souvent poignantes. Il s’agit bel et bien d’un roman, pas d’un essai sur la médecine, et les personnages comptent  beaucoup. On y retrouve la profonde humanité qu’habitait Sachs, en plus optimiste.

Martin Winckler – Le choeur de femmes – POL 2009


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