Une soirée au Caire

Ce joli roman est empreint de nostalgie, de souvenirs d’une enfance rêvée, au risque d’oublier la réalité. Le narrateur nous offre une image très idéalisée de l’Egypte de son enfance.

Solé nous a émerveillé avec Le Tarbouche et Le Sémaphore d’Alexandrie, il revient évoquer cette tribu Batrakani, famille égyptienne d’origine syrienne et de religion grecque-catholique, le rite melkite. Toute la famille est partie en 1963 pour le Liban et s’est éparpillée. De retour au Caire après bien des années, le narrateur retrouve la tante Dina qui le faisait rêver gamin et qui est retournée habiter dans la maison familiale.

Dina représente un monde en voie de disparition, bourgeois et francophile et le narrateur y trouve aisément des traces de son enfance ou de l’histoire de sa famille qu’il connait par les carnets de son oncle Michel. La réception donnée par Dina permet de décrire aimablement les vestiges de la splendeur cairote, des nostalgiques ou quelques ambitieux et mondains. Le portait des égyptologues est assez ambigu, entre passion et business…

Amira, jeune enseignante, ramène à la réalité des choses et fait prendre conscience au narrateur qu’il vit dans le passé. C’est elle qui parle de l’Egypte moderne, le roman se passant avant la révolution qui a renversé Moubarak.

Ce pays est en train d’étouffer, entre des fous furieux qui mettent la religion partout et un pouvoir épuisé et largement corrompu. Nous avons besoin de justice sociale et de démocratie. Et je ne parle même pas de nos prisons qui sont une honte.

Robert Solé – Une soirée au Caire – Seuil 2010


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