Sous le règne de Bone

boneC’est le 3e roman de Russel Banks que je lis et à chaque fois je plonge dans un monde différent mais, mis bout à bout, ils offrent aussi une description assez lugubre de notre monde contemporain. La 4e de couverture fait mention de Huckleberry Finnn, mais ce roman n’est pas du tout dans l’optique de celui de Twain qui a un héros positif et valeureux. Le narrateur s’appelle Bone et nous raconte sa vie entre 14 et 15 ans, si on doit faire une comparaison littéraire, c’est plutôt vers Oliver Twist qu’il faut regarder.

Au début de l’histoire, nous le connaissons sous le nom de Chappie, garçon avec piercings, crête d’Iroquois (Mohawk dans la traduction). Il vit avec sa mère et un beau-père un peu louche dans une petite ville de l’Etat de New York, passe son temps à fumer des joints et à sécher les cours, s’est accoquiné avec un ami plus âgé qui subit une coloc avec un gang de motards. Après un larcin où il se fait prendre, il rompt avec ses parents, se réfugie avec le gang et devient dealer. A la suite de l’incendie de la planque, Chappie commence une errance qui va lui faire côtoyer des accros au crack, un pervers bizarre, squatter une résidence de luxe avant de trouver un jamaïcain rastafari. Entre deux, il s’est fait tatouer les os du drapeau pirate et a pris le nom de Bone.

Sous l’influence de I-Man, le rasta, il tente de revenir chez lui mais repart vite, rejeté par les siens. Il accompagne I-Man qui souhaite revenir chez lui. En Jamaïque, il est initié à la religion et la culture rastafarie, retrouve son père, se consacre à la culture de la ganja, se retrouve seul quand son ami est tué par des trafiquants mais trouve le moyen de rebondir grâce à la sagesse que lui a enseignée son mentor.

Ce livre est désespérant : il donne la description d’un sous-prolétariat et de pauvres américains irrécupérables, englués dans la misère sociale. Il n’est pas beaucoup plus tendre avec les Jamaïcains mais c’est un beau roman d’apprentissage. Malgré toutes les difficultés et les nombreux rebondissements, Bone s’en sort, arrive à donner un sens à sa vie et permet un tout petit peu d’espoir.

Russel BanksSous le règne de Bone, traduit par Pierre Furlan – Actes Sud


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