Portrait de femme

9782867461347FSVoici un classique que je ne connaissais pas et dont la lecture m’a été inspirée par Le club des incorrigibles optimistes. Après Karénine et Bovary,  je reste dans la veine des grandes héroïnes avec Isabel Archer ; pourtant, si ce Portrait de femme est intéressant, je l’ai aussi trouvé particulièrement long.

Isabel Archer est une jeune américaine d’une vingtaine d’années, son père vient de mourir et la laisse sans fortune mais sa tante Lydia la prend sous sa coupe. La tante Touchett est un sacré personnage qui ne se réfugie pas derrière les faux-semblants, elle embarque Isabel en Europe et prévoit de l’emmener en Italie où elle s’est installée. Sur la route, elle fait une étape en Angleterre où vivent son mari et son fils.

A Gardencourt, le domaine anglais des Touchett, Isabel séduit le père et le fils par son intelligence et sa vivacité. C’est une jeune femme éprise de liberté, décidée à parcourir le monde, qui a déjà refusé de se marier à Gaspar Goodwood en Amérique ; elle refuse aussi Lord Warburton, un ami et voisin de la famille Touchett. Ralph, le fils tuberculeux, est bien amoureux  de sa cousine mais ne lui fait pas savoir, pourtant il incite son père mourant à lui donner une partie de son héritage pour lui permettre de vivre selon ses vœux.

A Gardencourt, Isabel est rejointe par son amie Henrietta, jeune femme très directe, journaliste remplie de préjugés sur les européens mais aussi pleine de bon sens. Madame Touchett reçoit aussi la visite de Madame Merle, une amie d’Italie, femme accomplie qui séduit Isabel ; pourtant Mme Merle est une espèce de parasite qui passe son temps à être invitée par de riches relations.

A la mort de Touchett, Isabel se retrouve avec une fortune et pourrait vivre seule mais elle commence par suivre sa tante à Florence ; elle y retrouve Serena Merle qui lui présente Gilbert Osmond, un esthète américain installé à Florence. Osmond et Isabel se découvrent pas mal de points communs mais il ne plait pas à la tante qui ne le trouve pas assez riche. Isabel prend le temps de réfléchir au cours d’un voyage en Méditerranée où elle se fait accompagner de Serena Merle. Au retour, la jeune femme décide qu’elle a assez profité de la liberté et épouse Osmond.

On la retrouve 2 deux ans plus tard à Rome où le couple s’est installé avec Pansy, la fille d’Osmond. Il a bien profité de la fortune de son épouse et se révèle très directif  vis à vis d’elle. La Merle est toujours dans les parages ; Isabel trouve un peu bizarre l’espèce d’intimité qu’elle partage avec Osmond et son insistance à intervenir dans la vie de Pansy, adolescente très docile qui s’entend à merveille avec sa jeune belle-mère.

Osmond devient particulièrement odieux et despotique dans les derniers chapitres : il refuse avec hauteur un prétendant pour Pansy au prétexte qu’il n’est pas richissime, fait des scènes à Isabel à l’occasion de la visite de Ralph et lui reproche vigoureusement d’avoir découragé l’intérêt de  Warburton pour sa fille. Osmond devient de plus en plus tyrannique avec Isabel, avec Pansy qu’il enferme dans un couvent, avec sa propre sœur qui va se venger en révélant les secrets de famille à Isabel. Celle-ci se rebelle contre l’autorité de son mari en rejoignant Ralph mourant mais la fin de livre laisse un gros doute sur son futur. Et voilà, au bout de presque 700 pages le personnage devient inconsistant… Isabel est un personnage fort, mais pas sur la durée : j’ai été surpris par son choix d’épouser Osmond et déçu de sa rapide résignation.

Au final, ce livre me laisse un peu perplexe : ce monde d’aristocrates américains vivant en Europe en milieu fermé me semble irréel et, à force d’analyses psychologiques, le roman est d’une lenteur épouvantable. Pourtant, il y a un côté intemporel dans ce roman qui se passe  dans les années 1875-1880 : je crois que je vais oublier les scories et garder un souvenir fort de cette histoire aux personnages très marqués.

Henry James – Portrait de femme, traduit par Claude Bonnafont – Liana Lévi 1995


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