Charlie hebdo 1178

Je ne lisais pas Charlie, j’appréciais peu ses provocations et ses outrances et je ne savais pas que ce journal était en train de couler. Pour moi, le mercredi était le jour du Canard, mais je savais que Charlie existait, avec son mauvais goût assumé, et cela me convenait. Aujourd’hui, j’achète ce numéro « des survivants » (dès que je le trouve) ; c’est aussi une manière d’exprimer ma solidarité, de défendre la liberté de la presse et d’appliquer la (fausse) citation de Voltaire : Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire.

charlie 1178Nourri à la laïcité, volontiers anticlérical,  je ne comprends pas que l’on puisse qualifier sa Une d’offensante, de même que je n’ai pas admis que des chrétiens intégristes aient voulu faire interdire La dernière tentation du Christ et brulé un cinéma.

En France, le blasphème n’est plus une notion juridique depuis la Révolution mais il parait que près de la moitié des pays ont une législation contre le blasphème. En Europe, l’Espagne, la Pologne, l’Italie, la Grèce ont ce genre de restriction qui restent théoriques et quasiment 100 ans après la réintégration, il faudrait sans doute revoir cette spécificité de l’Alsace et la Moselle. En revanche, nous interdisons l’injure vers un groupe de personnes en raison de son appartenance à une ethnie, race ou religion et surtout nous interdisons d’inciter au meurtre ou de faire l’apologie des crimes, même ceux du passé (et là je pense à tous les salauds qui trouvent que pas assez de personnes sont passées par les chambres à gaz).

Le Coran ne semble pas interdir la critique ou la représentation de Mahomet ; c’est une invention du wahhabisme qui fait penser aux impératifs de la Torah. Il reste néanmoins que les pays qui interdisent de critiquer ce qui concerne la religion ou ont une « police religieuse » (chez nous nous cela s’appelait Inquisition) utilisent ce biais pour étouffer toute critique, religieuse mais surtout politique et sociale. La France a une impérieuse exigence de fermeté vis à vis de ses « amis » du Gabon, d’Arabie Saoudite et autres, le site de Reporters sans frontières répertorie cette terrible liste.

Malgré les 17 morts, les barbares n’ont pas gagné cette fois-ci : ils veulent tuer Charlie, il continue à sortir ; ils veulent créer la peur, le peuple s’unit comme jamais ; ils veulent la fin de la démocratie, nos dirigeants ont été à la hauteur et ont réaffirmé notre détermination à défendre la Liberté.

Je suis satisfait que nos politiciens aient su se montrer Hommes d’État dans cette crise, j’apprécie que l’Assemblée nationale soit unanime dans son approbation du discours de Valls qui dit que « La France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical. La France n’est pas en guerre contre l’islam et les musulmans » et qui réaffirme fièrement nos valeurs : « Je ne veux plus qu’il y ait des juifs qui puissent avoir peur, je ne veux pas que des musulmans aient honte, la République est fraternelle, généreuse et elle est là pour accueillir chacun. »

Après l’émotion, il reste à comprendre et traiter les problèmes : trafics mafieux qui financent les groupuscules islamistes, vente et circulation quasiment libres d’armes de guerre, prosélytisme dans les prisons, tolérance envers des antisémites notoires…. la liste et longue.

Des différents débats et témoignages que j’ai pu suivre depuis une semaine, il ressort quand même que la pauvreté intellectuelle et matérielle est un terreau du fondamentalisme. Comment mettre du plomb dans la tête de ces gamins embrigadés qui refusent jusqu’à la minute de silence et au respect des victimes et pour qui tout ressemble à un jeu vidéo ?
La réponse des intégristes est de les envoyer se faire mettre une balle dans la tête, la réponse de la République doit être de les éduquer, de les former et de leur forger une conscience. Il faut aussi lutter contre 50 ans d’urbanisme imbécile qui a créé des ghettos. C’est difficile mais il faut aussi s’en donner les moyens.

JE-SUIS-CHARLIE


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