Dans les prairies du Far West

irvingIl y a un moment que je recherche « Histoire de New York » de Washington Irving mais ma bibliothèque ne l’a pas, en revanche elle propose « Dans les prairies du Far West« . J’ai été curieux de connaître ce que pouvait être en la vision d’un Américain du début de XIXe, surtout après avoir eu un aperçu de ce que pouvait donner ces régions aux XXe. Washington Irving est un des premiers romanciers américains ; outre le livre sur New Yorok, il a  écrit pas mal de contes et nouvelles. J’avais lu ses « Contes de l’Alhambra » (très mal traduits) écrits après un séjour en Espagne en tant qu’ambassadeur, c’est aussi l’auteur de Sleepy Hollow, adapté au cinéma.

Ce livre est un récit de voyage à la Frontière, en 1832 le Far West commence de l’autre côté du Mississippi. Irving accompagne un commissaire chargé de surveiller les Indiens émigrés de l’Est. Il part de Fort Gibson, sur la Grande rivière au confluent avec l’Arkansas et, pendant un mois, va remonter le long de l’Arkansas, de la Red River et de la Canadian River ; en fait, il fait un séjour dans ce qui est actuellement l’Oklahoma.

Ce livre est très éloigné de Fenimore Cooper, il y a assez peu d’Indiens dans ce livre. Il en rencontre aux alentours du fort, territoire des Osages, qu’il trouve beaux comme des statues de bronze, torse nu, juste vêtus de mocassins et d’une couverture (blanket), les cheveux courts sauf une crête sur le sommet du crâne « à la façon d’un cimier », ce que nous appelons un iroquois. Les Osages forment un peuple de chasseurs assez pauvres et ne sont pas hostiles. Il y a aussi des Creeks, beaucoup plus raffinés, avec des tenues très colorées, veste à franges, pantalons de daim, guêtre… En revanche, ces Indiens redoutent les Pawnies, guerriers et pillards de chevaux, l’expédition sera toujours dans la crainte d’une attaque de Pawnies mais n’en verra jamais.

Le commissaire est accompagné d’une quinzaine de Rangers, milice de volontaires avec la longue carabine (riffle), d’Irving et d’un comte européen ; la bande est guidée par des métis franco-indiens qui sont considérés comme des Indiens. L’expédition traverse des paysages très boisés le long des rivières (c’est surprenant, ce n’est pas l’idée que je me faisait de cette région) et les prairies sont remplies d’herbe à bison, épais fourrage que les Indiens font brûler à l’automne. La principale occupation est la chasse ; je dirais plutôt que c’est une véritable boucherie à laquelle ils se sont consacrés : daims, dindons et bisons sont abattus sans cesse, largement au-delà de leurs besoins et Irving a quand même un semblant de remord le jour où il doit achever lui-même un bison qu’il a blessé.
La bande déambule dans un périple qui semble sans but, les métis profitent des occasions pour capturer au lasso des chevaux sauvages.

Au final, le commissaire rencontre un petit groupe d’Osages à qui il explique que les Américains vont imposer bientôt la paix aux peuples Indiens et ceux-ci s’empressent d’aller se battre avec les Pawnies avant que cela ne soit plus possible ; cette anecdote peut faire sourire, je me demande si Irving ne l’a pas rapportée avec l’arrière pensée de justifier la présence des Blancs. Et pourtant, le portrait des colons brutaux et impitoyables est peu flatteur et ne justifie pas l’invasion qui se prépare.

Cette grande escapade aventureuse dans les bois et la nature pendant l’été indien est quand même éprouvante, elle permet d’imaginer ce qu’a pu être la vie des trappeurs et des premiers colons. La traduction est joliment désuète, ce qui rajoute au coté nostalgique.

Washington Irving – Dans les prairies du Far West, traduit par RB – Liana Levi 2011


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