Romans durs

C’est un grand plaisir de découvrir Simenon et ses « romans durs. » Même si certains romans datent un peu, ses personnages ont un côté intemporel ; toutefois, certains livres sont un peu moins marquants ou leur lecture m’a moins enthousiasmée.

L’escalier de fer

Etienne Lomel est malade et maigrit, il se morfond dans l’appartement qui est relié à la boutique par un escalier de fer. Il se souvient que la concierge a dit du premier mari de sa femme qu’il ne pesait pas plus qu’un enfant à son décès et il s’inquiète. Il se doute que le mari a été un peu expédié mais ne s’en est pas soucié tout à sa passion avec Louise. Ses soupçons sont confirmés par un médecin qui trouve de l’arsenic et il surveille sa femme. Assez vite, il découvre l’amant, achète une arme et veut lui faire peur, mais c’est lui qui disparaît. Je n’ai pas été séduit par ce livre ; je n’ai cru ni à la passion qui cause la mort, ni aux soupçons du mari.

Simenon 1953

Le crime impuni

Liège 1926 : un étudiant polonais, Elie, loue une chambre chez madame Lange. Très pauvre, il sort peu et se satisfait des rapports presque amicaux qu’il entretient avec sa logeuse. Tout change quand Michel, étudiant roumain, arrive à la pension : inconsciemment Elie jalouse son  aisance tant financière que physique et ne supporte pas que Michel entretienne une liaison avec la fille de sa logeuse, au point de chercher à le tuer.

Après ce méfait, Elie abandonne Liège et ses études et nous le retrouvons des années plus tard portier d’un hôtel de Carlson City, ville minière d’Arizona. Le nouveau propriétaire de la mine arrive, c’est Michel. Elie veut le rencontrer, lui demander son pardon, mais Michel l’ignore et Elie lui tire dessus. La partie Liégeoise aurait suffit, les retrouvailles ratées de Carlson City ne m’ont pas convaincues.

Simenon 1954

Dimanche

Émile est propriétaire avec son épouse Berthe d’une auberge près de Cannes, La Bastide. Il a épousé la fille de ses patrons, sans grande envie, parce qu’on le poussait, et le couple n’est pas très épanoui. Berthe régente la maison et n’est pas très appréciée des voisins ; Émile est aux fourneaux, s’échappant pour aller au marché ou jouer aux boules avec les villageois. Émile couche avec Ada, la bonne de l’auberge, et a osé s’opposer à Berthe quand elle a voulu la chasser. Une intoxication alimentaire lui a donné l’idée d’empoisonner sa femme et il prépare minutieusement son plan. Au dernier moment, il hésite un peu mais verse de l’arsenic dans le plat préféré de sa femme, un risotto aux encornets. Cependant, Berthe fait manger le plat à Ada…

Simenon nous décrit un bonhomme qui étouffe sous l’emprise de sa femme. L’histoire est centrée sur Émile mais tous ses gestes sont dépendants de Berthe, de ce qu’elle voit, de ce qu’elle pense ou pourrait penser. L’épouse m’a fait penser à une araignée tapie au fond de sa toile et qui attend sa proie.

Simenon 1958

Strip-Tease

Célita est entraîneuse et artiste au Monico, un club de strip-tease de Cannes. Elle a une liaison qui dure avec Léon, son patron, et voudrait bien prendre la place de Florence, la patronne. Elle est supplantée par Maud, une jeunette qui a un numéro torride. Toutes ses tentatives pour l’éliminer se retournent contre elle et renforcent le soutien de Léon à sa nouvelle protégée.

C »est le récit d’une jalousie et de la déchéance d’une femme dure dans un milieu impitoyable et glauque. La relation Célita – Florence – Maud , avec Léon en enjeu, n’est pas mal vue.

Simenon 1958

Les volets verts

Roman autour d’un grand acteur qui se rappelle son histoire. Le personnage pourrait faire penser à bien des monstres sacrés mais Simenon s’attache aux à-cotés de son histoire personnelle, en fait un bonhomme pas très sympathique et quelconque.

Simenon 1950

Le temps d’Anaïs

Albert Bauche s’accuse d’un meurtre et se rend à la gendarmerie. Au cours des interrogatoires, on apprend qu’il a tué son patron, que sa femme est infidèle et qu’il a des dettes. C’est au cours de son entretien avec le psychiatre que l’on va deviner les motivations de ce jeune homme traité « d’imbécile prétentieux » par celui qui en a fait son homme de paille et qu’il tuera.

Simenon met en avant le trouble sexuel de Bauche pour justifier ses actes, cela fait psychanalyse à la petite semaine et n’est pas probant. Certes, il a fantasmé sur Anaïs, il n’est pas bien actif et sa femme le trompe mais je n’ai pas accroché aux justifications données.

Simenon 1951

L’Ane rouge

Jeune journaliste, Jean Cholet se retrouve ivre-mort après une soirée. Il ne garde que de vagues souvenirs mais il est attiré par ce bar où il a passé une nuit mémorable et rencontré Steeman, un homme qui le fascine. Il devient rapidement un habitué des lieux, s’alcoolise avec constance et s’amourache de Lulu, une des artistes. Il s’émancipe et, toujours à court d’argent, participe à une arnaque avant d’accompagner Lulu à Paris. Ambitieux et fanfaron, il s’attend à être embauché dans un grand journal et vit au crochets de Lulu. A la mort de son père, il revient à Nantes et rentre bien vite dans le rang.

Roman d’une dérive due à l’alcool, des faux-semblants de la vie de province, j’ai trouvé cette histoire artificielle et le personnage veule et méprisable.

Simenon 1932

Le grand Bob

Le suicide de Bob, homme jovial et plein de vie, surprend ses amis. L’un d’eux, le Dr Coindreau, se penche sur la vie de Bob et découvre qu’il a préféré se tuer plutôt que d’imposer sa maladie à sa femme.

J’ai trouvé ce roman plat, pas du tout accroché par la bohème de ce fils de bourgeois qui épouse une fille plus modeste, ni par les hésitations sentimentales du narrateur.

Simenon 1954

 


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