L’Ours en peluche

Monde de SimenonJean Chabot est un mandarin à l’ancienne : professeur d’obstétrique, chef de service à l’hôpital, cabinet à son domicile dans le XVIe et clinique privée. Malgré cette réussite professionnelle, il cultive une espèce de mélancolie qui le rend indifférent à son environnement et à sa famille, arrive même à le faire douter professionnellement et il laisse Viviane, sa secrétaire, devenir son poisson pilote.

Chabot est un peu secoué par des menaces anonymes qu’il s’efforce de cacher car elles lui rappellent un épisode dont il n’est pas très fier et qu’il a laissé se dérouler plus par indifférence que par lâcheté. Un soir de garde, il trouve une jeune recrue endormie dans une chambre de service ; elle l’émeut par sa jeunesse et son innocence qui lui font penser à la douceur d’un ours en peluche mais il en profite néanmoins pour coucher avec elle à plusieurs reprises. La jeune fille, dont il n’apprend le prénom que par hasard, disparaît et Chabot l’aperçoit plus tard, dissuadé par Viviane de s’y intéresser. Il l’oublie jusqu’à la découverte de sa mort dans les journaux : enceinte et seule, elle a préféré se suicider.
Il se rend alors compte que Viviane a dressé un rempart autour de lui et s’en accommode tant bien que mal, obsédé par son propre mal de vivre.

Le récit est concentré sur une journée lors de laquelle Chabot agit comme s’il préparait son procès ou les souvenirs qu’il laissera. La tension monte car on se doute qu’il cherche à se suicider, il revient sur son passé pour justifier son évolution et prévoit de se tirer une balle chez sa secrétaire. Arrivé chez elle, il la trouve en conversation avec un de ses internes, se sent trahi et tire sur l’intrus.

Pour moi, c’est un grand roman de Simenon, presque un roman noir, en tout cas une belle étude psychologique.

Simenon 1960


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