La sénilité de Vladimir P.

9782258135048Imaginons Poutine vieux et sénile, retiré de la politique après 5 mandats. L’ex-président que tout le monde appelle désormais Vladimir Vladimirovitch vit reclus dans une datcha, inconscient du présent, et mène des conversations avec des visiteurs imaginaires. Non content de battre la breloque, il est aussi hanté par une tête de Tchétchène en décomposition.

Nikolaï Ilitch Cheremetiev, l’infirmier qui veille sur lui depuis sa retraite, est tout entièrement dévoué à Vladimir Vladimirovitch qui ne le reconnait pourtant pas. Candide, il n’a jamais monnayé aucun service, seul russe à n’avoir jamais volé, et n’a même pas su négocier les extras demandés par les médecins qui soignaient sa femme.

Sa routine est perturbée par l’emprisonnement de son neveu Pavel coupable d’avoir écrit un texte ravageur sur Poutine et ses successeurs. Le juge demande 300 000 dollars pour fermer les yeux, persuadé que l’oncle du suspect est riche puisque dans l’entourage de Poutine. Nikolaï a bien quelques économies mais loin de suffire…

Dans le même temps, la maison de Vladimir Vladimirovitch est agitée par l’arrivée d’une nouvelle gouvernante qui va déclencher une guerre à outrance avec Stepanine, le cuisinier. Nikolaï découvre que chacun se sert  de sa position pour monnayer ses services à l’extérieur et alimenter des caisses noires bien garnies. Le cuisiner, le chauffeur, le jardinier, le service de sécurité, chacun y va de son petit business.

Ce microcosme applique le système économique que Poutine a mis en place et utilisé : un pourcentage sur tous les contrats et la captation des biens des indésirables. Dans ses délires séniles, Vladimir Vladimirovitch raconte à Nikolaï le peu d’estime qu’il porte aux politiques et lui détaille les marchandages et la capitulation des oligarques. Nikolaï Ilitch se décille brutalement et se décide enfin à transgresser sa ligne de conduite irréprochable. Malheureusement pour lui, c’est un pigeon né, un vrai naïf, et il va se trouver roulé dans la farine sans même comprendre.

La 4ème de couverture parle d’humour, c’est bien excessif. Certes, il y a un peu de truculence chez Stepanine mais l’histoire est suffisamment crédible pour donner froid dans le dos, même si ce n’est pas une surprise de découvrir que Poutine est violent et que la société russe est corrompue. Le parallèle entre les domestiques et les grands politiques n’est pas mal trouvé, les délires de Vladimir Vladimirovitch permettent de retracer son parcours, le réquisitoire du jardinier Goroviev porte mais j’ai trouvé l’articulation entre les différents éléments faiblarde et le dépouillement de Kolia un peu bâclé.

Michael Honig – La sénilité de Vladimir P., traduit par Laura Bourgeois – Presses de la Cité 2016


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