On retrouve dans ce roman Fredrik Welin, le personnage des Chaussures italiennes, victime de l’incendie de sa maison. Il est secoué par ce désastre qui lui fait prendre conscience de sa vieillesse et ravive de nombreux souvenirs.
Le bonhomme est peut être un peu moins misanthrope mais toujours mal embouché, et ses relations avec les autres sont compliquées : il ne supporte pas les soupçons de la police, envoie balader le voisin serviable mais volontiers envahissant et se prend de bec avec sa fille Louise qui est venue dès qu’elle a appris l’incendie. Il faut dire qu’elle est aussi compliquée que son père, refusant de dévoiler quoi que ce soit de sa vie. Même la relation qu’il tente avec Lisa, la journaliste qui est venue enquêter sur l’incendie et qui ne le laisse pas indifférent, est compliquée et maladroite, sous-tendue par son désir de la mettre dans son lit.
Fredrik va évoluer quand Louise l’appelle a l’aide. Il devient moins autocentré, s’ouvre aux autres et dévoile des sentiments. Ses rapports avec Louise s’apaisent enfin et sa relation avec Lisa devient sereine. Cette transformation s’appuie aussi sur un sentiment de crainte de la mort qui s’approche, de volonté de transmission. L’intérêt de ce roman ne réside pas dans son histoire, pas très bien ficelée, mais dans cette évolution.
Henning Mankell – Les bottes suédoises – Seuil 2016