MAi 68 - rotman

Mai 68 raconté à ceux qui ne l’ont pas vécu

MAi 68 - rotman

Patrick Rotman – Mai 68 raconté à ceux qui ne l’ont pas vécu, entretien avec Laurence Devillairs – Le Seuil 2008
Patrick Rotman, Charlotte Rotman – Les années 68 – Le Seuil 2008

Et c’est parti pour la célébration de 68 ! on va nous sortir tous les anciens combattants qui ont 50 ans de plus (Cohn-Bendit trouve que ces célébrations accusent son âge) et qui ont eu de belles carrières, bien implantés dans les médias ou la politique. On ne parlera sans doute pas des OS de Renault.

Mis au fait c’est quoi 68 ? je l’ai vécu en culotte courtes, je n’en ai donc aucun souvenir si ce n’est des vacances supplémentaires et une rumeur de désordre. Ce petit livre de Patrick Rotman écrit il y a 10ans, retrace le contexte et les évènements de ce mois de mai qui s’est prolongé jusqu’en juin. L’opuscule se lit bien, est intéressant et redonne le contexte intellectuel et politique. Le beau livre sur les années 68 insiste un peu plus sur le contexte international, détaille les évènements et surtout offre un vaste choix d’illustrations qui nous replongent dans  ces années : actualité, mode, culture, pop…

Mai 68,ce ne sont pas 10 semaines, mais 10 années qui ont changé la société française.

La triple crise universitaire, sociale et politique est à situer dans un temps qui commence avec la fin de la guerre d’Algérie et se termine avec les crises des années 70, liées au 1er choc pétrolier. Mai 68 n’est pas que français ; la contestation était générale, liée au réveil du tiers-monde, à la guerre du Viet-Nam mais aussi à la « revendication hédoniste d’un droit de vivre selon son plaisir et non selon la morale dictée par les bonnes mœurs. »

En France, le prologue se déroule à Nanterre où Cohn-Bendit fout le bordel mais c’est à la Sorbonne que les évènements débutent le 3 mai où le trublion et ses camarades passent en conseil de discipline. Les policiers ramassent les étudiants venus manifester dans la cour de la Sorbonne, une contre-manif d’Occident est attendue et tend l’ambiance. Les choses dégénèrent avec les premières brutalités policières qui suscitent un mouvement étudiant qui devient barricades le 10 mai, avec le soutien de la population.
Le 13 mai, les syndicats s’y mettent et on aura 7 millions de grévistes. La CGT suit le mouvement par peur d’être débordée par la CFDT et les gauchistes (PSU).

Le pouvoir réagit mal, De Gaulle, en opposition avec ses ministres, veut mater le désordre et l’interdiction de séjour de Cohn-Bendit, le 22 mai, relance le mouvement étudiant. De Gaulle parle le 24 mai, sans succès, et la modération cesse de part et d’autre, mais Les occupations des locaux et les excès des étudiants vont leur faire perdre le soutien de la population.

Pompidou est convaincu que la négociation est la seule fois possible pour sortir de la crise, il donne rendez-vous aux syndicats et au patronat rue de Grenelle. Le patronat cède rapidement sur une augmentation du SMIC de 33 %, la CFDT obtient la représentation des syndicats dans les entreprises et la CGT qui bloquait les accords cède par crainte du succès de la manifestation de Charletty. Malgré tout, les accords de Grenelle ne suffiront pas pour faire reprendre le travail, Renault ne reprend que le 17 juin et Citroën le 24.

Le 29 mai, De Gaulle fait son escapade à Baden Baden (fatigue  coup de bluff ?), cède à Pompidou qui exige la dissolution et les élections de juin seront un raz-de-marée gaulliste mais la rupture est consommée entre De Gaulle et Pompidou qui ne sera pas renommé 1er ministre.

Mai 68 n’est pas un révolution ratée mais une réforme réussie

La suite c’est la réforme de l’Université d’Edgar Faure, l’héritage d’un gauchisme politique, l’émancipation des femmes et la transformation des rapports parents-enfants, la contre-culture. Rorman analyse de façon assez détaillée les differentes mouvances gauchistes, des tentations communistes sans stalinisme à la fascination maoïste, et leur devenir.


Publié

dans

par

Étiquettes :