Jean Hegland – Dans la forêt, traduit par Josette Chicheportiche – Galmeister 2017.
Ce livre mêle roman écologique et roman d’apprentissage dans une ambiance post-apocalyptique. C’est intéressant, même si j’ai moins aimé la fin, et j’ai eu un gros coup de cœur sur le style, assez dense.
Nell et sa soeur Eva vivent seules dans une maison éloignée de tout, au milieu d’une forêt de Californie ; Nell se consacre à ses études en espérant rejoindre Harvard alors qu’Eva s’entraîne pour rejoindre le ballet de San Francisco. La situation devient bizarre quand on sait qu’il n’y a plus d’électricité, qu’elles sont coupées du monde car il n’y a plus de carburant. Et d’ailleurs le monde n’est pas enviable car une épidémie a touché la population et des troubles violents ont transformé la ville en cauchemar.
L’histoire est racontée par Nell qui consigne leur quotidien dans un cahier, évoque leur vie d’avant et l’évolution de leur relation. Après une première période de sidération, la vie s’organise dans l’espoir de pouvoir revenir rapidement à la situation antérieure. L’arrivée d’un ancien camarade donne une espoir de départ mais Nell renonce et préfère rester avec sa sœur. Eva tombe enceinte après avoir été violée par un rôdeur et les deux sœurs passent d’un monde de consommation de produits extérieurs à une production locale pour palier le manque de ressources.
La confrontation de deux caractères opposés et complémentaires, l’une planificatrice, l’autre insouciante, va créer des tensions, des rivalités qui seront difficilement surmontées mais la solidarité sera plus forte et nos deux ermites vont se créer un nouveau monde à elles, inspiré des expériences des anciens Indiens.
Le récit post-apocalyptique est intéressant et crédible, il illustre une bonne critique de la société d’hyperconsommation. A mon avis, la fin est un peu trop moralisatrice ; la robinsonnade tend vers le conte philosophique et perd en crédibilité, avec des passages totalement irréalistes.