Robert Jordan – La Roue du Temps, tome1.1 : L’oeil du monde, traduit par Jean Claude Mallé – Bragelonne 2018.
Ce volume n’est pas une découverte, je suis fan de la Roue du Temps depuis la première édition française (chez Rivages). Cependant, les vicissitudes de l’édition n’ont pas permis la parution de l’intégralité de la version française de cette série.
Les éditions Bragelonne ont courageusement repris le flambeau et proposent une nouvelle traduction des livres de Jordan au fur et à mesure que les droits sont disponibles. Ce travail titanesque a commencé en 2012 et doit couvrir les 14 volumes de la série, prévoir un peu de patience.
Dans le cadre de Masse critique, je viens de recevoir la version poche du premier tome (le premier volume ressort en 2 tomes), ce qui me permet de replonger dans cet univers.
Je qualifierai cette version d’élégante, tant pour les couvertures, la typo claire très lisible que la fluidité de la traduction, et c’est une bonne nouvelle.
Ce volume commence au champ d’Emond, bourg perdu au milieu de nulle part ; il met en place les premiers éléments de l’intrigue et les personnages que nous suivrons tout au long de la saga, loin de leur village. Rand, Mat, Perrin, Egwege et Nynaeve, fortes personnalités qui vont devenir les personnages centraux de cette série et seront les protagonistes de pérégrinations et d’aventures nombreuses et variées. La série utilise les codes de la Fantasy avec une Quête, de l’aventure, des légendes, des héros, des combats, la lutte du Bien et du Mal ; elle intègre aussi une géographie, une ethnographie et une géopolitique complexes qui permettent de renouveler l’intérêt à chaque étape.
L’histoire commence donc au champ d’Emond, dans la région des Deux-Rivières juste avant les fêtes de Bel Tine qui marquent le printemps. Malgré un hiver qui n’en finit pas, la fête promet d’être belle avec l’arrivée d’un trouvère, Thom Merrilin, et d’un colporteur, Padan Fain. Ce village isolé est aussi marqué par l’arrivée de Moiraine et Lan, une belle dame accompagnée d’une espèce de chevalier servant. Les nouvelles apportées par le colporteur ne sont pas bonnes, avec des rumeurs de guerre et un cavalier noir a été aperçu par quelques jeunes gens, ce qui ne manque pas de les inquiéter.
La Nuit de l’Hiver, la ferme de Rand et le village sont ravagés par des Trollocs. Les attaques ciblaient les maisons de Rand, Perrin et Mat , Moiraine les convainc de se rendre à Tar Valon pour se protéger de nouvelles attaques….
La nouvelle traduction de Jean Claude Mallé change quelques termes (les Ères deviennent les Âges ; la Sagesse, Sage-Dame ; le Ménestrel, Trouvère ; le Lige, Champion…) mais elle se lit très bien, je trouve qu’on a gagné au change. Voici les premières phrases des 2 premiers chapitres pour s’en rendre compte.
Version 1990, traduction AnetteRosenblum | Version 2012, traduction Jean Claude Mallé |
Le palais vacillait encore de temps à autre en réponse aux grondantes répliques sismiques de la terre, gémissait comme s’il voulait nier ce qui s’était passé. Des rais de soleil s’infiltraient par des fissures dans les murs, faisaient scintiller des atomes de poussière planant toujours en l’air. Des marques de brûlures déparaient les murs, les sols, les plafonds. […] |
Avec de sourdes plaintes, comme si elle refusait de croire à ce qui venait d’arriver, la terre tremblait encore et le palais continuait de vaciller sur ses fondations. A travers les fissures des murs, les rayons de soleil irisaient de lumière jaune les nuage de poussière toujours en suspension dans l’air. Partout, des marques noires zébraient les cloisons, le sol, les plafonds et la peintre craquelée des fresques murales. […] |
La Roue du Temps tourne, les Ères se succèdent, laissant des souvenirs qui deviennent légende. La légende se fond en mythe, et même le mythe est depuis longtemps oublié quand revient l’Ère qui lui a donné naissance. Au cours d’une Ère, que d’aucuns ont appelé la Troisième, une Ère encore à venir, une Ère passée depuis longtemps, un vent s’éleva dans les Montagnes de la Brume. Ce vent n’était pas le commencement. Il n’y a ni commencement ni fin dans les révolutions de la Roue du temps. Mais c’était un commencement.[…] | La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes. Puis les légendes se métamorphosent en mythes qui sombrent eux-mêmes dans l’oubli longtemps avant la renaissance de l’Âge qui leur donna le jour. Au cours d’un Âge nommé le Troisième par certains -une ère encore à venir et depuis longtemps révolue-, un vent se mit à souffler dan les Montagnes de la Brume. San être le Début, car il n’y a ni commencement ni fin à la rotation de la Roue du temps, ce vent était un début. […] |