Des hommes et des dieux

Ce film prend pour contexte la communauté des moines de Tibhirine (ou Tibéhirine) qui ont été assassinés en Algérie en 1996, meurtre attribué aux islamistes du GIA. Ce n’est pas un film sur la guerre ou sur le terrorisme, c’est un film qui parle d’un groupe d’hommes dans cet environnement. La grande qualité de ce film est sans doute d’être humble et humain, pas de pathos, tout en exprimant énormément de sentiments.

Dans une Algérie soumise aux agissements des islamistes, la communauté de Tibhirine regroupe 8 moines trappistes, bien intégrés dans le village, qui vivent de leurs récoltes et de la vente de leur miel. L’un des moines tient un dispensaire et les relations avec la population sont chaleureuses. Lorsque des européens sont égorgés à quelques kilomètres du monastère, Frère Christian, le prieur, refuse d’être protégé par l’armée, malgré l’insistance du préfet. La question de rester ou de partir se pose aux frères et ne trouve pas de réponse immédiate.

Ils tiennent tête une première fois aux islamistes et se préparent au pire. Toutefois, leur compassion ne sera pas comprise de l’armée qui les suspectera de soutenir les terroristes. A la fin, 7 d’entre eux sont enlevés et assassinés. Le film s’arrête sur la vision des moines qui sont emmenés et marchent péniblement dans la neige ; la fin étant connue, c’est suffisamment évocateur.

Ce film est une belle réussite avec une mise en scène très sobre. Il épouse le rythme de vie des moines, prières, contemplation et travail, ce qui fait un film lent sans être long. Les chants religieux entonnés par les comédiens sont beaux et résonnent avec les situations ; ils ne sont pas parfaits, ce qui donne beaucoup plus de réalisme.

La vie intime de la communauté est au coeur de ce film. Elle se base notamment sur les chapitres, lieux de débats, et sur les doutes et les motivations que chacun peut exprimer. La film arrive à rendre palpables la puissance de la foi et de la fraternité de ces hommes.

Les acteurs sont excellents, 3 rôles sont particulièrement mis en valeur :

  • Lambert Wilson est Frère Christian, leader charismatique de cette communauté. Au chef terroriste qui lui dit « Vous n’avez pas le choix », il réplique « Si, j’ai le choix ! », cette répartie illustre sa force de caractère.
  • Michael Lonsdale est Frère Luc, le médecin qui se définit comme un homme libre.
  • Olivier Rabourdin est Frère Christophe, c’est peut-être le rôle le plus difficile. Christophe souhaite que la communauté reparte en France, quasiment seul contre tous. La peur, l’incompréhension, le doute vis à vis de sa mission en font un personnage très complexe et intéressant.

Ce film n’est pas un mélo, il n’y a pas à sortir les mouchoirs. Par contre, je suis sorti un peu sonné de la projection, ému  et admiratif.

Des hommes et des dieux – Film de Xavier Beauvois – Grand prix du Jury Cannes 2010


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