Que faire du vieux ?

J’ai récemment parlé de Versailles, de la reconstruction de la grille et des dorures que je trouvaient excessives. Je découvre avec un peu de retard un article de Télérama qui traite du même thème et du risque de transformation d’un monument en parc d’attractions !

En gros, on se confronte à plusieurs écoles théorisées au XIXe. Viollet-le-Duc est dans reconstruction idéalisée, alors que John Ruskin ne veut toucher à rien. On peut appliquer à Viollet-le-Duc la réplique de Dumas à qui on a reproché de violer l’Histoire et qui répondait qu’il lui avait fait de bien beaux enfants ; et c’est vrai que Carcassonne ou Notre Dame de Paris sont des réussites et que le Mont-St Michel n’aurait pas la même renommée sans sa flèche !
Enfin, Camillo Boito a pensé qu’une autre voie est possible, à laquelle j’adhère pas mal : on peut continuer à faire évoluer un bâtiment, à lui ajouter des strates. Par exemple, c’est magique au Louvre car la pyramide de Pei donne de la vie aux bâtiments Napoléon III qui sont assez quelconques.

Il n’y a pas que les palais, châteaux ou hôtels particuliers qui peuvent évoluer, l’histoire se fait avec le quotidien. Si je prends 2 réhabilitations récentes à Paris, nous avons la bonne surprise avec le bâtiment du Ministère de la culture habillé d’une résille métallique, mais aussi le gros chewing-gum collé sur les quais de Seine pour les entrepôts transformés en Cité du design. Dans ce dernier cas, on a masqué du moche par du laid…

Tout de même, globalement, je suis pour une évolution de la ville et de ses composantes : la réhabilitation des quais de Bordeaux avec la création d’un miroir d’eau met en valeur les façades du XVIIIe et le lieu redevient un endroit agréable et vivant.

C’est beaucoup plus intéressant d’avoir un mélange de styles plutôt qu’une uniformité, et refaire du faux vieux donne un côté très artificiel. En revanche, s’il faut savoir garder quelques témoignages des styles emblématiques, je reconnais que c’est un art difficile car les bâtiments d’habitation sont refaits plus grands pour pouvoir loger plus de monde et dans des conditions de confort moderne. Il y a encore peu de temps, on pouvait encore voir à Issy, sur les quais de Seine, des immeubles en brique, avec un façade en angle comme sur les photos de Doisneau ; ils ont été rasés pour faire du neuf. En revanche, à Toronto, la façade Art nouveau de la Bourse a été gardée et intégrée à une tour…


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