Testament à l’anglaise

Si l’œuvre de Jonathan Coe est lue dans quelques décennies par des sociologues, ils auront une vision bien désespérée de l’Angleterre du XXe siècle. « Testament à l’anglaise » est toujours cité comme son livre de référence, il offre un résumé terrible des années 90.

Michael Owen, écrivain raté, dépressif, claustrophobe, a été contacté pour écrire la saga de la dynastie Winshaw, famille d’aristocrates du Yorkshire. Cette commande est faite par la vieille Tabitha, enfermée depuis des années en asile, qui est persuadée que son frère Lawrence a été à l’origine de la mort de son frère Godfrey pendant la guerre. Le livre s’attache plus à la génération suivante de Winshaw, active depuis les années 70 et qui a accompagné l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher.

Les cousins ont tous des activités différentes : politique, culture, agriculture, banque, vente d’armes… et tous jouent la même partition libérale et cynique, même le député travailliste ! Coe profite de ce livre pour décrire et dénoncer les lacunes du système de santé tel qu’il est devenu et l’attitude vis à vis de l’Irak de Sadam Hussein, largement aidé, équipé et financé avant d’être lâché.

Humour (!?) anglais oblige, tout finit pas se payer et la dernière partie raconte une espèce de Cluedo géant où tout ce petit monde aristocratique, méprisant et méprisable, est acteur et victime, puni par là où il a pêché.

C’est le 3e livre de Coe que je lis et que j’apprécie mais ce n’est pas en Angleterre que j’irais me réfugier ! Le récit n’est pas linéaire, entrecoupé de chapitres qui nous éclairent sur les différents membre de la famille, il est aussi foisonnant d’aventures et de personnages secondaires que nous retrouvons mêlés à l’histoire. Au début, j’ai eu un peu de mal avec le personnage d’Owen, aussi dépressif que Maxwell Sim, mais son parcours et son histoire sont prenants et il est tout à fait attachant.

Jonathan Coe – Testament à l’anglaise, traduit par Jean Pavans, Gallimard 1994 – Prix Fémina étranger 1995


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