13 lunes

Ce second roman du romancier américain Charles Frazier est beaucoup plus abouti que « Retour à Cold Mountain« . Il se déroule aussi au XIXe dans le sud des Appalaches, sans doute Caroline du Nord, et nous offre une vision assez peu traditionnelle du Sud.

Will Cooper, jeune blanc orphelin, est vendu par sa famille pour quelques années d’apprentissage pendant lesquelles il doit tenir un comptoir de traite en pays Cherokee. Ce roman raconte sa vie et ses aventures, inspirées de la vie de William Holland Thomas.

Très vite Will s’affranchit de son patron, il est adopté par Bear, chef d’une tribu, et se considère membre de la Nation Cherokee. Les Cherokees faisaient alors partie des « nations civilisées » qui ont adopté au maximum le mode de vie des colons américains, y compris la possession des esclaves, ce qui n’a pas été sans me surprendre !

Will tombe amoureux de Claire, la fille de Featherstone, planteur Cherokee et traficant à ses heures. Il développe aussi sa petite affaire, devient propriétaire de plusieurs comptoirs, mène en parallèle un carrière d’avocat et achète des terres. Il se retrouve sénateur alors que le président Jackson veut éliminer les indiens de l’est du Mississipi, obtient leur transfert vers l’Oklahoma et récupère leurs terres. Il assiste au départ de Claire (avec ses esclaves) et à la déportation des indiens pourchassés par les soldats mais permet à la famille de Bear de rester car ils sont sur des terrains privés (qui appartiennent à Will)  et non sur les terres de la nation Cherokee.
Ses aventures continuent avec la Guerre de Sécession qu’il passe comme colonel. La fin de la guerre cause sa chute, le démembrement de ses possessions et la ruine mais il arrive quand même à se refaire.

Ce roman est assez réussi, il tient tout à la fois du roman historique et du roman d’aventure. Il nous fait vivre des personnages hauts en couleur et extrêmement vivants dans une Amérique où les indiens et les écossais se mèlent joyeusement. En même temps, les indiens ne sont pas ridiculisés et la force de leur pensée et de leur histoire est bien respectée ; j’ai découvert à cette occasion la déportation des indiens en 1837. Le roman est rythmé par le calendrier lunaire indien dont les termes ajoutent une jolie poésie : lune des vents, lune du maïs vert, lune des moissons lune des noix, lune des chasseurs,  lune de la fin des fruits,  lune du maïs mur, lune des semences…

Charles Frazier – 13 lunes, traduit par Bernard Cohen – L’olivier 2008


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