American Darling

Hannah Musgrave, la soixantaine, tient une ferme bio dans les Adirondacks quand un besoin impératif d’Afrique la fait revenir sur son passé. Son histoire est racontée petit à petit dans ce livre très fort, violent par moments. Ce récit par petites touches, avec beaucoup de recul, donne une puissance extraordinaire à une histoire terrible, puisque son destin est lié aux guerres civiles du Liberia. Russell Banks ne rentre pas tout de suite dans le vif et les premières pensées de Hannah vont aux chimpanzés dont elle s’est occupée, avant de nous faire découvrir le reste de son histoire.

Fille de la bourgeoisie de Nouvelle Angleterre, Hannah s’est rebellée dans les années 70 et a milité dans des mouvements radicaux, adepte de la violence armée. Recherchée par le FBI, elle s’enfuit en Afrique pour échapper à la clandestinité et arrive peu après au Liberia. Ce pays est dépeint par Russell Banks comme une colonie où tout est sous contrôle et l’approbation des USA, même la guerre civile, bien que celle-ci soit allée beaucoup plus loin que voulu dans les plans.

Elle épouse Woodrow Mundiata, ministre de 2nd rang et mène une vie bien rangée  avec ses 3 enfants.  Cette existence un peu ennuyeuse, avec un couple qui commence à dériver, est secouée par les événements politiques qui touchent le Liberia. Après le putsch de Samuel Doe, Woodrow est suspecté de corruption et détournements de fonds et sert d’appât pour faire tomber son ami, le ministre Charles Taylor.

Hannah est alors exilée pendant quelques temps et aidera Taylor à s’évader lors de son séjour aux USA, persuadée qu’il est l’homme nécessaire au Liberia. Plus tard, Taylor va mener la rébellion contre Doe, très vite son adjoint Prince Johnson s’oppose à lui, crée une 3e faction et chaque camp devient de plus en plus violent. Même s’il est plutôt favorable à Taylor, Woodrow est resté ministre mais sera exécuté devant sa famille par les hommes de Doe. Les enfants s’enfuient, rejoignent le camp de Johnson et deviennent des enfants soldats ; Hannah ne les retrouvera jamais et doit fuir le Liberia avec les derniers américains, en abandonnant son passé.

Ce livre est vraiment extraordinaire, puissant mais pas moralisateur. Le personnage d’Hannah n’est pas forcément sympathique, c’est un être assez froid, distant, mais son histoire est prenante et le récit insiste davantage sur toute l’évolution du personnage que sur les évènements.

Russell Banks – American darling, traduit par Pierre Furlan – Actes Sud 2005


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