Les saisons de la solitude

Ce second roman de Boyden se passe de nos jours mais garde le même schéma narratif que « Le chemin des âmes » : deux protagonistes racontent une histoire qui se recoupe et se complète. J’ai bien aimé ce livre qui est toutefois moins prenant que le précédent ou que son recueil de nouvelles Là haut vers le Nord.

Un des personnages est Will Bird, indien Cree, ancien pilote, alcoolique qui s’isole pour une saison de chasse. Petit à petit, on en découvre les raisons et les différents drames de son existence. L’autre personnage est sa nièce Annie qui revient de New York où elle menait une carrière de mannequin. Son personnage, sans doute plus complexe, est hanté par sa sœur Suzanne, elle aussi mannequin et qui a disparu.

Même si l’économie de la réserve est basée sur l’aide sociale, nous avons affaire à des indiens assez bien intégrés qui arrivent à garder leurs références traditionnelles tout en côtoyant le monde urbain, pourtant il y a bien un choc entre les cultures traditionnelle et occidentale. Pour autant, le livre n’offre pas une iconographie idéalisée : les Netmaker, famille indienne rivale, sont des trafiquants d’alcool et de drogue ; l’isolement du chasseur n’est pas si naturel…

Boyden nous offre deux héros bien campés et très attachants. Les deux sont à la recherche de leur destin, sans que cela soit lourd ou trop moralisateur et sont accompagnés de personnages secondaires qui donnent beaucoup de relief et de crédibilité à l’histoire. La vie traditionnelle, la chasse, le lien à la nature sont superbement évoqués et accentuent le coté « indien » du roman.

Joseph Boyden – Les saisons de la solitude, traduit par Michel Lederer – Albin Michel 2009


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