Castelnaux et bastides

Je savais que le Moyen-Âge avait été une époque d’urbanisation et de création de villes nouvelles, par exemple la ville basse de Carcassone. J’ai découvert dans le Gers que les bastides s’intégraient dans une dynamique plus ancienne.

Montesquiou (castelnau)

A partir de l’an Mil, une forte augmentation démographique favorise le développement de nouvelles structures urbaines qui permettent de fixer une population, participer au défrichement ou au développement agricole et politique.

Dès le XIe siècle, des villages sont bâtis autour d’églises ou d’abbayes qui apportent une protection garantie par l’abbé ou l’évêque : ce sont les sauvetés. Les églises de ces nouveaux bourgs ont souvent un clocher fortifié qui sert de tour de guet. On retrouve leur nom sous la forme Sauveterre, Salvetat, Sauvetat.

Saint-Orens-Pouy-Petit (castelnau)

A la même période, les féodaux construisent de nouveaux châteaux-forts, parfois en remplacement d’une motte féodale : ce sont les castelnaux avec une fortification qui n’a bien souvent qu’une seule porte. Un village qui se développe dans les remparts reste l’autorité du seigneur. La majorité des villages gersois ont cette origine, certains en gardent une trace dans le nom : Castera, Castel, Castelnau.

Laressingle (village fortifié)

Le village de Laressingle peut être considéré comme un castelnau. Il a gardé son rempart dont on voir bien la forme circulaire sur Google maps. Ce village qui est considéré comme la « Carcassonne du Gers » est le plus petit village fortifié de France. C’était la résidence d’été des évêques de Condom et c’est plus un château avec un donjon et une église qu’un village.

Laressingle

La période des bastides commence au XIIe ou XIIe siècle, selon que l’on considère que la première est Montauban (1144) ou Cordes (1222). La construction des bastides a été fortement liée au développement économique mais aussi aux croisades contre les albigeois, au passage du comté de Toulouse sous domination française et aux rivalités anglo-françaises lors de la Guerre de Cent ans. Plus de 350 bastides ont été implantées entre 1250 et 1330. Dans le Gers, les principaux promoteurs sont les comtes d’Armagnac, Alphonse de Poitiers, le frère de Louis IX qui devint comte de Toulouse, et son sénéchal Eustache de Beaumarchais.

Bassouès (bastide avec château)

La bastide se reconnait à son organisation spatiale, mais la base est toujours politique : c’est l’acte de paréage entre un seigneur et un ecclésiastique, ou un seigneur et le roi. Il s’agit alors de répartir les responsabilités, de s’assurer une protection sur un territoire. En même temps, les fondateurs de la bastide accordent des chartes de libertés pour attirer des habitants.

Cologne (bastide), la halle

Beaucoup de bastides ont le nom de grandes villes européennes, surtout espagnoles ou italiennes : Barcelonne-du-Gers, Cologne, Fleurance (Florence), Pavie, Plaisance, Valence-sur Baïse… Elles peuvent aussi prendre le nom de leur fondateur (Beaumarchès pour Eustache de Beaumarchais, Libourne pour Roger de Leyburn), de la topographie (Beaumont de Lomagne, Monfort) ou d’un saint patron (Saint-Clar). Évidement certaines sont simplement définies par leur statut comme Labastide-d’Armagnac, de même que certaines villes s’appellent Villeneuve ou Villefranche.

Montfort (bastide), les couverts

La plupart des bastides sont construites avec un plan en damier, centré sur une place qui abrite une halle. Cette place peut être plus ou moins grande, elle est immense à Marciac (75 x 130 m). La place est bordée de maison à arcades, couverts ou cornières qui agrandissent l’espace. Les rues sont larges de 6 à 10 m et délimitent des pâtés de maison réguliers, les moulons. Les bastides gasconnes sont caractérisées la position excentrée de l’église qui n’est pas sur la place. Évidemment toute règle a ses exceptions : certaines bastides sont bâties sur un seul axe et d’autres ont 2 places, comme Saint-Clar.

Bassouès (bastide)

Les bastides peuvent être construites sur des éléments existants : Fourcès est une bastide définie comme telle par son acte de paréage, mais elle a été construite autour de la motte féodale qui lui donne une forme ronde encore très visible.

Fourcès (castelnau, puis bastide)

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