Victor Hugo, l’universel

Cet autre livre de la collection « Tribuns » est consacré au parcours politique de Victor Hugo, beaucoup plus riche que ce que j’en connaissais.

Fil d’un général bonapartiste et d’une mère royaliste, le jeune Hugo est plutôt à droite et fréquente les orléanistes, ce qui l’amène à la Chambre des pairs en 1845. Il se montre rapidement plus libéral que la majorité de l’assemblée, déjà sensible aux questions sociales qui orienteront son combat tout au long de sa vie, notamment l’instruction.

La révolution de 1848 le déroute un peu et il craint l’influence des révolutionnaires comme Blanqui, Barbès ou Raspail. Rassuré par les premiers engagements du gouvernement qui les met au pas, il est élu député lors d’élections complémentaires en 1848. Hostile aux anarchistes et aux ateliers nationaux, il se positionne chez les conservateurs modérés, mais ses discours contre la peine de mort ou la défense de l’instruction pour le peuple le placent un peu plus à gauche. Défenseur de « l’ordre contre l’anarchie et de la république contre l’arbitraire », il se retrouve dans la minorité républicaine en 1849.

La IIe république est réactionnaire, ce que j’ai découvert, Hugo se bat contre l’aide apportée au pape, pour une politique sociale, la liberté de l’enseignement (donc contre la mainmise du clergé), l’amnistie des condamnés politiques… Son évolution est mal comprise et les conservateurs le considèrent comme un rénégat.

Evidemment, c’est la lutte contre Louis-Napoléon Bonaparte qui reste. Il se bat contre l’évolution de la constitution et le Coup d’Etat. Il s’exile volontairement et mène le combat depuis Bruxelles, puis Jersey et Guernesey. Il élargit son action à la défense des libertés dans le monde entier, soutenant les mouvements révolutionnaires à Cuba, en Italie, Pologne, etc.  Financièrement à l’aise, il aide ses compagnons de combat exilés. Il refuse l’amnistie en 1859 et ne rentre en France qu’après la destitution de Napoléon III.

De retour en France en 1870, il défend la poursuite des hostilités contre l’Allemagne et soutient le peuple de Paris dans sa résistance pendant le siège, position minoritaire. A nouveau député dans la nouvelle assemblée, largement conservatrice et très peu républicaine, il attaque les catholiques, soutiens de l’Empire, et défend le retour de l’Assemblée à Paris plutôt qu’à Versailles. Les débats sont houleux, un opposant lui reproche même de ne pas parler correctement français !

Pendant la Commune, Hugo est absent de Paris, parti enterrer son fils à Bruxelles. S’il est contre les violences et l’insurrection contre la République, il comprend la colère des parisiens et propose tout de même l’asile aux réfugiés. L’un de ses derniers combats parlementaires sera l’amnistie des communards.

La vie politique de Victor Hugo est toute entière tendue vers la défense de la République, des libertés et de la justice sociale. C’est un acteur vraiment majeur de la vie politique du XIXe, je comprends mieux l’admiration des différents mouvements socialistes pour ce grand homme qui les a fortement inspirés.

Marieke Stein – Victor Hugo, l’universel – La Documentation française 2010


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