Cross et le néo-impressionnisme

Voici une belle exposition qui me fait découvrir un peintre intéressant et un mouvement artistique. Le néo-impressionnisme correspond à ce que je connaissais sous le nom de pointillisme, je croyais que c’était un mouvement artistique marginal représenté par le seul Seurat alors qu’il a attiré Pissaro un temps, Matisse à ses débuts et quelques peintres belges, les vingtistes.

Delacroix avait déjà théorisé sur les rapprochements de couleurs, les découvertes scientifiques de la fin XIXe ont amené les peintres à utiliser des couleurs complémentaires en tons directs, l’assemblage des teintes est alors fait par l’œil et non sur la palette. On parle aussi de divisionnisme et comme il faut faire des toutes petites touches de peintures, des points, on a appelé ces peintres des pointillistes… L’exposition les baptise plutôt néo-impressionnistes car ils renouvellent le genre, mais les différents termes correspondent aux mêmes peintres.

Seurat – La Seine à la Grande Jatte – 1888

Ce mouvement a été initié par Georges Seurat, avec La Seine à la Grande Jatte présentée en 1888. Paul Signac a adopté ce style et l’a théorisé à la mort de Seurat. La technique a tendance à aplatir la perspective et donne une impression de douceur, de mat à ces toiles.

Henri-Edmond Cross est l’un des représentants les plus importants de ce mouvement, je dois avouer que je ne le connaissais pas du tout ! Il s’appelle Delacroix et a pris ce pseudo pour ne pas mélanger avec le maître.

Né en 1856, il se forme à Lille et vient rapidement à Paris où il côtoie les impressionnistes. Il peint sa première toile divisionniste en 1891, l’année de la mort de Seurat. Ami de Signac, il échange beaucoup avec lui et le fera venir dans le midi où il s’est installé. Sa technique va évoluer et il va adopter un touche plus large qui donne des peintures moins figées, par exemple La mer clapotante reprise sur l’affiche de l’expo. Complètement intégré au monde artistique de son époque, il rencontre aussi la jeune génération Matisse, Manguin, Camouin, les futurs fauves. Il initie Matisse au divisionnisme et celui-ci le fait évoluer vers des couleurs plus fortes. Cross meurt en 1910 et son oeuvre est restée assez méconnue du grand public, bien qu’il soit reconnu comme essentiel par de nombreux peintres.

Cross – Antibes – 1908

Le parcours de cette exposition est très bien fait, il nous montre la richesse du néo-impressionnisme avec des toiles de Seurat, Signac, Van Ruysselberghe, etc. tout en offrant un large éventail de l’oeuvre de Cross. On peut vraiment suivre l’évolution de ce peintre pendant sa carrière assez courte. L’intérêt de Cross ne se limite pas à sa technique, les compositions de ses toiles sont superbes : son tableau Les vendanges est sans doute le plus intéressant, l’œil est attiré par un série de scènes qui offrent un vrai parcours dans la toile.

Contrairement aux impressionnistes, les néo-impressionnistes ne pouvaient pas peindre en extérieur, leur technique leur imposait des temps de réalisation assez longs, ils travaillaient depuis croquis et les aquarelles de Cross, qui lui servaient de base, sont tout aussi intéressantes : pas de contrastes de tons mais un mouvement, une spontanéité qui donne de la vie aux paysages.

Henri Edmond Cross et le néo-impressionnisme, de Seurat à Matisse – Musée Marmottan jusqu’au 19 février 2012

 


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