Valentin vs Amour

C’est la Saint Valentin, soi-disant fête des amoureux que l’on aurait dû mettre le jour de la Saint Amour (9 août) : ce qui ne sont pas amoureux auraient au moins pu se consoler avec le vin du même nom !

Au risque de passer pour le Schtroumpf grognon, je n’aime pas ces fêtes et jours de ceci ou de cela. C’est comme la journée de la femme, on n’y pense qu’un seul jour par an ?

Toutefois, pour se mettre dans l’ambiance, voici un texte que j’aime énormément, plein d’humour et de sous-entendus, et écrit par un abbé, qui plus est : Le Mot et la Chose

Madame, quel est votre mot

Et sur le mot et sur la chose ?

On vous a dit souvent le mot,

On vous a souvent fait la chose.

Ainsi, de la chose et du mot

Pouvez-vous dire quelque chose.

Et je gagerai que le mot

Vous plaît beaucoup moins que la chose !

Pour moi, voici quel est mon mot

Et sur le mot et sur la chose.

J’avouerai que j’aime le mot,

J’avouerai que j’aime la chose.

Mais, c’est la chose avec le mot

Et c’est le mot avec la chose ;

Autrement, la chose et le mot

À mes yeux seraient peu de chose.

Je crois même, en faveur du mot,

Pouvoir ajouter quelque chose,

Une chose qui donne au mot

Tout l’avantage sur la chose :

C’est qu’on peut dire encor le mot

Alors qu’on ne peut plus la chose…

Et, si peu que vaille le mot,

Enfin, c’est toujours quelque chose !

De là, je conclus que le mot

Doit être mis avant la chose,

Que l’on doit n’ajouter un mot

Qu’autant que l’on peut quelque chose

Et que, pour le temps où le mot

Viendra seul, hélas, sans la chose,

Il faut se réserver le mot

Pour se consoler de la chose !

Pour vous, je crois qu’avec le mot

Vous voyez toujours autre chose :

Vous dites si gaiement le mot,

Vous méritez si bien la chose,

Que, pour vous, la chose et le mot

Doivent être la même chose…

Et, vous n’avez pas dit le mot,

Qu’on est déjà prêt à la chose.

Mais, quand je vous dis que le mot

Vaut pour moi bien plus que la chose

Vous devez me croire, à ce mot,

Bien peu connaisseur en la chose !

Eh bien, voici mon dernier mot

Et sur le mot et sur la chose :

Madame, passez-moi le mot…

Et je vous passerai la chose

Abbé Gabriel Charles de Lattaignant, XVIIIe (c’est aussi l’auteur de la chanson J’ai du bon tabac qui est une insulte car cela ne se faisait pas de refuser d’offrir du tabac).

 


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