Le fou du Tzar

Il y a tant de nouveaux romans qui paraissent chaque année que je ne lirai pas tout ! Surtout si je relis les vieux livres… Ce roman m’a frappé quand je l’ai lu à parution ; j’y ai tout de suite pensé quand j’ai lu Purge et j’ai voulu m’y replonger.
Purge parle de l’horreur du XXe siècle en Estonie, ce livre se passe au début du XIXe et montre que ce n’est pas nouveau.

Timotheus Von Bock est un baron balte de Livonie (sud de l’Estonie). Soldat glorieux de l’armée qui a battu « Punapart », il est ouvert aux idées des Lumières et épouse un paysanne. Très proche d’Alexandre Ier, l’empereur lui a demandé d’être franc avec lui et de tout lui dire. Mais lorsque Timo lui adresse un mémoire, il le paye de 9 ans de cachot et n’est libéré par le tsar suivant, Nicolas Ier qu’au prétexte qu’il est fou.

Il est alors assigné à résidence dans son domaine où il est espionné, surveillé par ses gens et sa famille. Son histoire est racontée par son beau-frère, Jakob Mattik, sous forme de journal à partir de son retour : nous découvrons lentement que sa folie est d’être trop lucide et que son emprisonnement est dû à la pusillanimité d’Alexandre (cet empereur est déjà décrit de façon peu flatteuse par Tolstoï dans Guerre et Paix). Von Bock veut rester « un clou de fer dans le corps de l’Empire », refuse de fuir mais finit tué dans son cabinet de travail.

Ce roman est passionnant, il raconte tout à la fois la vie dans l’Estonie au XIXe, province luthérienne dirigée par une noblesse d’origine allemande, l’histoire de Timo et celle de Jakob. Ce roman a été écrit avant la perestroïka et la vision politique de l’Empire de ce début XIXe fait penser à celle de l’URSS de la fin du XXe, sans liberté, soumis à l’arbitraire et à un régime policier qui n’hésitait pas à mettre en hôpital psychiatrique ses opposants.

Jaan Kroos – Le fou du tzar, traduit de l’estonien par Jean-Luc Moreau – Robert Laffont 1989


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