L’épreuve

Un Marivaux tragique, sacrée surprise je croyais que cela finissait toujours bien !

Lucidor, riche héritier, achète un domaine et y tombe malade. Il est soigné par la fille des concierges, la belle Angélique. L’un et l’autre s’aiment mais ne se le disent pas et Lucidor veut mettre Angélique à l’épreuve en lui proposant un beau parti, bien né et riche. Evidemment c’est un leurre, le prétendant est son valet Frontin. Angélique est aussi courtisé par Maître Blaise, un paysan un rien balourd. Lucidor l’encourage aussi à demander la main de la belle, mais lui promet une belle somme s’il épouse Lisette, la servante qui connait Frontin et pourrait faire échouer ses projets.

La pièce est bien évidement un quiproquo géant, particulièrement poignant quand Lucidor décrit le personnage qu’il projette de faire épouser à Angélique : il le décrit comme très proche de lui et elle croit qu’il s’agit de lui. Tout le monde sauf Lucidor voit bien qu’Angélique est amoureuse de lui mais elle est tellement blessée par son attitude qu’elle le nie et pour le rendre jaloux projette même d’accepter Maître Blaise. Au bout du compte, les deux vont enfin s’avouer leur amour réciproque, mais la fin est très ambiguë : on pense que Lucidor donne le contrat de mariage à la mère d’Angélique mais il s’agit de son testament.

L’interprétation insiste sur le côté dramatique de la pièce : l’ambiance est assez lourde, avec beaucoup de silences pour rendre encore plus prégnant l’incompréhension des personnages. La mise en scène est sobre dans un décor quasi inexistant. Au final, cette pièce donne une impression de malaise aussi fort que chez Tchékov, ce n’est pas une soirée distrayante, mais une belle pièce.

Marivaux – L’épreuve, mis en scène par Clément Hervieu-Léger – Théâtre La Piscine Chatenay


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