Vieux New york

Ce livre de poche traînait depuis longtemps sur mes étagères, quelle erreur de ne pas l’avoir lu avant, c’est une petite merveille !
Les 4 nouvelles se passent dans la classe aisée de New York : aristocratie de vieilles familles où il est de bon ton d’avoir des ancêtres hollandais et surtout familles fortunées et alliées entre elles. Wharton présente ainsi l’une d’elles : « Les Ralston et leurs ramifications constituaient un des pans les plus importants de cette société compacte. Issus de la bourgeoisie anglaise, ils n’étaient pas venus dans les colonies pour y mourir pour une foi mais vivre pour un compte en banque. »

Les différents récits se passent au cours de la seconde moitié du XIXe, il est amusant de voir qu’au fur et à mesure les coins chics progressent vers Central Park.

Dans l‘Aube mensongère, un fils de famille est envoyé en Europe faire son Grand Tour et a pour mission de rapporter l’embryon d’une collection de peinture, dont un Raphaël si possible. Délaissant les conseillers recommandés, il s’entiche de primitifs italiens qu’il défend envers et contre tous. Son père ne lui laisse que cette collection comme héritage, il l’expose sans succès, vivra pauvrement et la collection finira dans un grenier. Elle sera découverte par un héritier qui en tirera des fortunes.

Le récit de la Vieille fille est terrible, il illustre parfaitement l’importance de tenir sa place et de sauvegarder les apparences. Vieille fille pas très argentée, Charlotte Lovell est sur le point de se marier mais son fiancé exige qu’elle arrête de s’occuper des enfants pouilleux qu’elle recueille. Désespérée, elle confie à sa cousine Delia Ralston que l’un des ces enfants abandonnés est sa fille qu’elle ne veut pas quitter. Delia exige qu’elle renonce au mariage à cause de son passé mais propose de recueillir la petite Tina qu’elle élèvera chez elle. Quelques années plus tard, Tina sort dans le monde, est courtisée et Delia et Charlotte s’opposent sur son avenir. Delia l’adopte pour lui permettre d’être acceptée pleinement dans leur monde et être épousée par un fils de famille, mais cette adoption est encore une fois une coupure entre Tina et Charlotte qui le vit assez mal.
Delia est-elle un monstre ou un ange ? ses bonnes intentions et le souci des convenances paraissent généreuses mais bouleversent la vie de Charlotte et la rendent malheureuse puisqu’elle doit se taire à jamais, ce qui laisse Delia relativement indifférente.

L’étincelle raconte la vie d’un homme que rien ne semble atteindre, qui se coule dans les préceptes de la vie sociale mais qui est assez riche pour en faire à sa tête, même si cela choque son entourage. Cette nouvelle vaut surtout par le rendu de l’ambiance des soirées, des rencontres et de la vie de cette classe aisée.

Jour de l’an raconte l’histoire de Lizzie Hazeldean, une jeune femme qui épouse un jeune avocat pour se sortir du statut de jeune fille assistée recueillie par une cousine. Charles, intellectuel brillant, est un jeune avocat prometteur qui travaille en attendant les héritages qui lui donneront l’aisance financière. Les deux forment un couple très uni mais Charles tombe malade et reste cloîtré chez lui. Lizzie est rejetée par la bonne société car elle est vue en galante compagnie à la sortie d’un hôtel. Après la mort de son mari, son amant veut la récupérer mais elle lui avoue qu’elle ne l’aime pas, qu’elle s’est seulement dévouée pour assurer l’aisance matérielle à son époux malade qui ne pouvait plus travailler : elle est devenue une prostituée de luxe par amour.

Edith Wharton – Vieux New York, traduit par Claire Malroux – GF Flammarion 1993


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