Révolte chez les Amish

Comme beaucoup, j’ai entendu parler des Amish, ces protestants américains tellement traditionalistes qu’ils continuent de vivre comme au XVIIe siècle et refusent le progrès. Leur communauté avait servi de cadre au film Witness, cela faisait de belles images et montrait un monde simple où la solidarité n’est pas un vain mot. Les tour-operators organisent aussi des excursions dans le pays Amish à partir de Philadelphie, une demi-journée à la campagne façon Disney, une manière de prolonger l’illusion et je suis content de ne pas avoir choisi cette option pour cet été.

France 5 vient de passer 2 excellents documentaires de la BBC sur cette communauté (à revoir sur Pluzz), ou plutôt sur certains de ses membres qui sont exclus de la communauité pour avoir posé des questions.

Les Amish sont des protestants anabaptistes, proches des mennonites, dont les ancêtres ont fui l’Alsace et l’Allemagne pour être accueillis en Pennsylvanie (le pays des Quakers) où ils prospèrent encore. Les règles de vie de ces communautés rurales sont très strictes, définissent même la largeur des rubans de chapeau, la manière de porter les bretelles (qui peuvent changer d’une paroisse à l’autre) et surtout interdisent la modernité : pas de voiture ni d’électricité, pas de bicyclette à pédales (la patinette et le roller sont autorisés !) et, s’il y a un téléphone, il ne doit pas être dans la maison. La communauté parle encore entre elle un patois allemand, l’allemand de Pennsylvanie, lit la Bible et prie dans cette langue mais l’anglais commence à dominer. Tout est fait pour protéger la communauté du diable et permettre à ses membres de gagner le Paradis après leur mort.

Le premier documentaire est basé sur la famille d’Ephraïm et Samantha excommuniés pour avoir oser lire la Bible en anglais, la comprendre et poser des questions. Ephraïm est un grand naïf sympathique qui n’admet pas vraiment ce qui lui arrive, et considère que sa communauté impose des règles qui s’éloignent de l’Evangile ; c’est toujours le même débat depuis la Réforme. En plus, il est plutôt du genre prosélyte, ce qui ne se fait pas dans ce monde et son frère est aussi contaminé.
On voit Ephraïm et sa femme assez résolus et déterminés, heureux de découvrir la modernité tout en respectant leur mode de vie traditionnel ; son frère est beaucoup plus dérouté par le rejet de la communauté. La scène où les deux frères un peu incultes préparent la confrontation avec les autorités en maniant des mots et des concepts dont ils ne comprennent pas tout le sens est drôle mais très triste.

Le second documentaire se déroule 2 ans plus tard, on suit toujours Ephraïm et un autre couple qui est aussi excommunié pour avoir été dans un autre église, et tous sont accueillis par l’église évangélique de la Charité, une communauté d’anciens Amish. Dans ce deuxième couple, c’est la femme qui décide, le pauvre Jessy est complètement perdu. De son côté, Ephraïm semble aller bien et, malgré ses 5 enfants, il décide de se consacrer à la parole de Dieu et de travailler le minimum. Sa naïveté est très touchante quand il demande à Dieu de lui envoyer des sous ! Il reste cependant un réactionnaire forcené, chrétien intégriste rejetant Darwin et le péché.

Ces deux films font finalement froid dans le dos. Au delà de ces exclus, c’est la description du fonctionnement totalitaire d’une communauté fermée, basée sur une interprétation bornée d’un texte sacré, d’une parole divine qui ne peut être remise en question. Dans cette théocratie autoritaire des Amish, le pouvoir est dans la main de la communauté ; on sait bien que l’effet de troupeau de favorise pas les initiatives. C’est le même processus pour les djihadistes, les régimes autoritaires de Castro ou Chavez ou les fascites de tout poil.

Révolte chez les Amish – 2009  et Quitter les Amish – 2011, documentaires d’Andrew Tait


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