Dernière nuit à Twisted River

Quand j’ai commencé à lire autre chose que les ouvrages recommandés, deux livres m’ont marqués et j’ai toujours gardé une attention particulière pour leurs auteurs ; il s’agit de « Désert » de JMG Le Clézio et du « Monde selon Garp » de John Irving.

J’ai lu la plupart des romans de Irving ; tous ne sont pas excellents, mais quelques-uns ont laissé un très bon souvenir avec des personnages forts et des histoires bien troussées (L’Oeuvre de Dieu, la part du Diable ; Une veuve de papier ; Je te retrouverai…). Son dernier roman vient de paraître au format poche et j’y retrouve un grand Irving.

Le thème de la paternité est récurrent dans ses romans, absence et recherche du père. Dans cette Dernière nuit…, Irving nous prend à contre-pied car la relation père-fils est forte, quasiment fusionnelle.
Le roman commence dans les années 50 et nous plonge dans un village de bûcherons et de draveurs. On découvre assez vite le Cuistot, Dominic Baciagalupo ; Daniel, son fils de 12 ans, et Ketchum, l’ami de la famille. Le Cuistot est veuf mais sa relation avec Jane l’indienne est bien cachée car elle est aussi la maîtresse du policier local. La mort accidentelle de Jane va faire fuir Dominic et son fils pendant des années, poursuivis par le Shériff.

On suit l’évolution de cette famille jusqu’en 2005. Ils vont d’abord passer quelques années à Boston, accueillis dans le quartier italien. Là, Daniel va grandir et se découvrir une vocation d’écrivain. On les retrouve ensuite dans l’Iowa, puis dans le Vermont et enfin dans l’Ontario, toujours suivis par le souvenir du Shériff. Daniel devient écrivain à succès sous le nom de Danny Angel, il a un fils, garde une relation toujours très proche avec son père et continue à voir Ketchum.
Leur vie est émaillée d’aventures, de rencontres avec des personnages parfois improbables et des femmes remarquables. En effet, les femmes sont très présentes, même si ce livre est centré autour des personnages de Dominic et de Daniel : Rosie, Jane, Carmella, Katie, Amy « Tombe du ciel »… ont chacune une personnalité bien marquée, apportent beaucoup à nos personnages et marquent durablement.

Le roman contient plein de thèmes et d’histoires, je ne me suis jamais ennuyé. On pourrait gloser sur la ressemblance entre l’auteur et son personnage de romancier, ses romans et ses motivations (le roman A l’est de Bangor a un cousinage avec L’Oeuvre du Dieu…) mais  je pense que John Irving est suffisamment malin pour nous faire des clins d’œil et se démarquer.

Eh ben, quand il se déclare un écrivain dans une famille, si tu veux mon avis, […] c’est un coup dur et voilà tout. Nous, on se fâche quand il nous met dans ses livres, on se fâche quand il nous y met pas, on lui reproche de ne pas écrire sur lui-même, sur ce qu’il est vraiment quoi. Et par dessus le marché de faire de son ex-femme un personnage bien plus chouette qu’en réalité.

John Irving – Dernière nuit à Twisted River – Seuil 2011


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